Les pêcheurs manquent de main d’œuvre et lancent un appel pour l’emploi

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Alors que le président de la République Emmanuel Macron a passé plusieurs jours en Bretagne cette semaine, pour partir à la rencontre des métiers de la mer notamment, les professionnels de la pêche lui ont fait par de leurs inquiétudes pour la filière face au manque de bras. Ils veulent embaucher mais peinent à recruter, et lancent un grand appel aux volontaires pour pourvoir les emplois en souffrance sur toute les côtes françaises, pour des métiers aux profils variés : « En France nous sommes à peu près 2000 pêcheurs, et dans les quelques années qui viennent, environ 400 d’entre nous, c’est-à-dire 20% des gens qui sont dans le métier, seront partis à la retraite. On parle beaucoup des déserts médicaux où les médecins généralistes ne trouvent pas de remplaçants, eh bien les pêcheurs vivent la même problématique mais personne n’en parle ! Nous ne parvenons pas à recruter des jeunes pour assurer la relève, et c’est essentiellement dû à des fausses idées sur nos métiers, à une réputation dégradée, alors que c’est juste magique de travailler sur l’eau, au grand air, sur un produit naturel… », déplore un participant des assises de la Mer, organisées ces 21 et 22 juin 2018 dans l’Hérault.

 

Les pêcheurs français appellent donc les pouvoirs publics à les aider pour agir sur l’image de la filière. « Il faut redorer notre blason », estime un autre participant aux débats. « Nous ne méritons pas notre réputation. Elle est obsolète, elle correspond à la crise vécue par les pêcheurs à la fin du 20eme siècle, dans les années 1990, il y a plus de 30 ans, une éternité ! A cette époque là, les quotas, les normes d’hygiène, de sécurité, le respect des ressources et de l’environnement n’entraient pas en ligne de compte, il n’y avait pas de mesures nationales ou européennes sur le sujet, ou elles en étaient à leurs balbutiements, les scientifiques commençaient à peine à s’intéresser à l’appauvrissement des ressources, et on nous a énormément reproché à ce moment là d’avoir abusé et surpêché. Les Français ont commencé à cette période à nous accuser de tous les maux et même si depuis, ça va mieux, nous souffrons encore d’une mauvaise popularité dans l’opinion publique. Elle n’est plus du tout méritée : nous luttons contre la pêche électrique, qui épuise les fonds, nous luttons contre la disparition de certaines espèces en adaptant nos outils, par exemple pour éviter de tuer des dauphins involontairement au cours de nos activités (voir notre article , ndlr), nous sommes aujourd’hui des acteurs du développement durable, en ramassant notamment les déchets plastiques qui polluent les mers et les océans… il faudrait agir pour que les Français nous créditent de toutes ces actions qui ont changé, vraiment, nos métiers et le visage de la filière ».

 

Les pêcheurs lancent donc un vaste appel aux volontaires, et assurent que des centaines d’emplois sont à pourvoir dans toutes les zones de pêche française : « si l’on peine à recruter, c’est aussi parce que les personnes éventuellement intéressées redoutent l’éloignement familial et la pénibilité du travail, mais là encore il faut remettre les pendules à l’heure : nos matériels de navigation ont évolué, on a des bateaux plus puissants, plus modernes, plus performants, on part moins longtemps et l’automatisation de nombreuses tâches a nettement amélioré nos conditions de travail », explique le comité national des pêches maritimes. « Nous avons mis du temps à renouveler nos flottes à cause des difficultés économiques que nous avons pu rencontrer il y a 20 ans, et ça n’est pas forcément le cas encore de tous les patrons pêcheurs, qui changent les bateaux progressivement, mais les gens sont heureux à bord, ce n’est pas une question de bateau : c’est le métier qui rend heureux ».

 

Les professionnels de la pêche en mer appellent donc à une grande campagne de communication pour montrer l’attractivité de la filière : « il faut faire évoluer les mentalités », analyse le comité des lycées et centres de formation maritimes. « Il faut mettre en avant le fait que les métiers de la mer sont bien mieux sécurisés aujourd’hui qu’hier, que les pêcheurs apprennent désormais à gérer les risques tout au long de leur formation, que la pêche en mer est même aujourd’hui largement ouverte et accessible aux volontaires féminines, car nous formons de plus en plus de femmes et derrière les débouchés sont là : les patrons pêcheurs ont eux aussi évolué dans leurs a priori et ils sont ravis aujourd’hui d’avoir des pêcheuses dans leurs effectifs. Enfin, il faut valoriser aussi la rémunération : un marin pêcheur aujourd’hui gagne bien sa vie, plus de 3000 euros brut par mois ».

 

Grâce aux meilleurs performances des bateaux et avec l’évolution de la réglementation sur les quotas, les patrons pêcheurs sont aussi plus souples aujourd’hui avec leurs personnels quant aux horaires et aux conditions de travail : « les ressources humaines ont bien évolué dans les entreprises de la mer, grâce aux avancées technologiques et à des sorties en mer mieux organisées, mieux rationnalisées. L’activité a gagné en souplesse, on peut se permettre des sorties moins systématiques, les outils scientifiques favorisent aussi une meilleure productivité en fonction des marées en 2018 qu’en 1980 ! Du coup on orchestre mieux les rotations des équipages, ce qui rend le métier attractif en terme d’emploi du temps et de planification : nos pêcheurs sont la moitié du temps en mer, l’autre moitié à terre, avec des rythmes qui s’accordent bien mieux qu’autrefois avec les contraintes d’une vie de couple ou les obligations parentales. Si on communiquait mieux, on attirerait nettement plus de monde, ce sont des métiers agréables où on commence matelot et où on peut devenir capitaine assez rapidement », raconte le patron d’une coopérative maritime dans la Manche.

 

Les employeurs du secteur renouvellent donc leur vœux de pouvoir embaucher du monde rapidement, et ils mettent l’accent sur les femmes : elles ne représentent que 0.5% des effectifs, soit une vingtaine de femmes pour près de 5000 marins, pour la pêche au large, et pas beaucoup mieux pour la pêche côtière ni même pour la petite pêche, selon le dernier rapport publié par l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer (FranceAgriMer).

 

 




1 commentaire

Chaouch nor eddine le 4 juil. 2018

Bonsoir,je suis un chef mécanicien ayant 11 ans de navigation dans la pêche hauturière et marine marchande.
Je suis prêt pour embarquer avec vous.
Merci de répondre.

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