La guerre des coquilles Saint-Jacques est évitée, l’emploi préservé

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Dans notre article précédent, nous évoquions les risques pour l’emploi dans l’hypothèse où les pêcheurs français ne trouveraient pas d’accord avec leurs homologues britanniques. Pour l’heure, le scénario catastrophe est évité, puisqu’un accord a finalement été trouvé. Reste à la faire signer par les gouvernements des deux pays. Ensuite, et seulement ensuite, les professionnels du secteur pourront respirer. En guerre depuis des dizaines de jours sur le sujet, à cause de législations inégales d’un côté et de l’autre de la Manche, les pêcheurs des deux bords sont finalement parvenus à la conciliation.

 

17 septembre 2018, un lundi : du côté du littoral français, de la Normandie à la Vendée, immense soulagement dans les rangs des pêcheurs de coquilles Saint-Jacques : alors que les discussions étaient dans l’impasse depuis des semaines, alors que rien ne semblait pouvoir lever l’obstination des professionnels anglais de la filière, trop heureux de n’être soumis à aucun règlement par rapport à leurs rivaux français obligés de respecter un strict calendrier des pêches, limité à la période d’octobre à mai, à des tailles de maillage et de bateaux ou encore à des quantités et un nombre d’heures de pêche limitées par jour, un accord a donc finalement pu être trouvé sur un calendrier harmonisé qui permette de préserver les ressources. A minuit précises, lundi 17 septembre donc, les Britanniques ont quitté la zone de pêche de la Saint-Jacques en baie de Seine, sur la promesse ne n’y remettre les chalutiers qu’au 1er novembre et pas avant.

 

« Bien sûr, c’est un accord a minima, pas celui dont nous rêvions », reconnaît la Commission nationale française de la coquille Saint-Jacques. « Mais c’est mieux que rien… La zone de pêche ne sera en réalité évacuée que par les gros bateaux, ceux qui font plus de 15 mètres, mais à défaut de stopper le pillage, cela devrait permettre de le ralentir, donc de préserver un peu mieux l’espèce et les emplois associés à la filière. En échange de cette évacuation momentanée des gros chaluts, nous avons cédé une partie de nos quotas aux pêcheurs anglais », précise l’instance.  Mais a priori des quotas non utilisés, à hauteur de 720 000 kilowatts-jour. « Puisqu’ils ne reviennent que début novembre, donc un mois après que nous aurons recommencé à pêcher la coquille, il fallait une compensation. Ils ont une enveloppe assez restreinte pour les Saint-Jacques, même s’ils n’ont pas de quotas. Leur donner ces quelques centaines de milliers de kilowatts par jour leur permet de rattraper globalement le mois de manque à gagner engendré par l’accord », explique le Comité régional des Pêches de Normandie.

 

Les Britanniques se disent eux aussi plutôt satisfaits de l’accord, qui les rassure à quelques encablures du Brexit, qui se rapproche à grandes foulées. « Nous espérions conclure cet accord avant de quitter l’UE », explique l’Association des Pêcheurs écossais. Un sentiment « gagnant gagnant » partagé par les pêcheurs français : « Nous avions tout intérêt nous aussi à ce que les accords soient conclus avant le Brexit, parce qu’après le Brexit nous n’aurons plus accès à des secteurs où nous pêchons aujourd’hui. Cette première prise de contact, ces discussions, cet accord nous rapprochent et nous permettent de mettre déjà sur la table nos intérêts communs. De comprendre que nous devons sauver ensemble la profession et ses emplois plutôt qu’en nous menant une guerre inutile », estime un patron pêcheur du secteur Manche Est.

 

 




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