Cherbourg, capitale de l’économie maritime… et vivier d’emplois

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 Saviez-vous que la ville du Cotentin venait de damer le pion à Washington, capitale politique des Etats-Unis, lorsqu’elle a gagné l’attribution de l’organisation de la dernière grande conférence mondiale des énergies marines ? Tout un symbole, et la preuve concrète que la ville de l’Ouest est en train de devenir plus qu’une capitale, une plaque tournante de l’économie bleue, et un moteur puissant et durable pour l’emploi maritime.Même si la fin du mois de juillet 2018 a été entachée par le revirement de Naval Energies, qui avait inauguré mi juin 2018 la toute première usine au monde de production de turbines hydrauliques, avant de se rétracter, il n’en demeure pas moins que la cité normande reste en première ligne des villes d’avenir du secteur maritime : d’ailleurs, si Naval Energies renonce à son usine d’hydroliennes, elle ne renonce pas à investir les locaux de 5500 m² qui y étaient initialement dédiés, pour y créer des activités de fabrication d’échangeurs et d’énergie thermique, avec des créations de postes à la clé : « Nous sommes en train de regarder comment nous pourrons l’utiliser pour d’autres lignes de produits, notamment l’éolien flottant ou l’énergie thermique des mers », indiquait ainsi fin juillet 2018 le président du groupe.

 

Cherbourg toujours : General Electric a là bas aussi opéré un revirement radical, mais dans le bon sens : après avoir annoncé qu’il recruterait une centaine de personnes pour son usine de production d’éoliennes offshore, le groupe a finalement décidé de voir bien plus grand et estime que les recrutements concerneront près de 600 personnes sur le site : le carnet de commandes est plein depuis la confirmation par le président de la République Emmanuel Macron de la création de 6 nouveaux parcs éoliens dans l’ouest français. « Ce projet sera, c’est une évidence, une source d’emplois dans la région », déclarait ainsi à la presse fin juin 2018 le PDG de l’usine. A pourvoir : des postes d’opérateurs, de techniciens et de cadres, en CDI (Contrats à Durée Indéterminée). Chaque nouvelle recrue sera même invitée à se spécialiser sur place, au sein du nouveau centre d’excellence dédié, dans la ville.

 

Autre bassin d’emploi local : la navale militaire. Le géant Naval Group, leader européen du secteur, annonçait le 22 juin la création de 1000 postes d’ici fin 2018, dont 300 à Cherbourg : « essentiellement des emplois de production, nous recherchons au total plusieurs centaines de profils et de métiers différents, certains très techniques, pour la construction de machines et d’équipements de combat, et de matériels à propulsion nucléaire. Il nous faut aussi des compétences en matière de cyberdéfense, de recherche et développement et d’ingénierie nouvelle génération », indique la direction du groupe. Le site de Cherbourg, lui, est spécialisé dans la construction de sous-marins, plus de 300 personnes y ont déjà été embauchées l’année dernière. Aujourd’hui, 2300 salariés y travaillent, les effectifs devraient donc croître d’encore plus de 10% en 2018, comme en 2017. Et plusieurs centaines de sous-traitants travaillent aussi pour le site, et embauchent également pour faire face à la demande.

 

« Nous devons monter encore en puissance sur le site de Cherbourg, avec notre programme de construction de six sous-marins Barracuda, mais aussi des programmes de sous-marins indiens, brésiliens, australiens… et le début de la production dans 2 ans seulement, des sous-marins nucléaires français de troisième génération, qui implique l’ensemble des sites Naval Group en France mais dont le centre névralgique sera Cherbourg ». Recrutés sur CV puis après une rencontre et une visite des chantiers, les futurs salariés sont ensuite formés sur site pour se spécialiser et acquérir l’ensemble des compétences : entre 5 et 7 années de travail nécessaire pour les ouvriers en usinage, mécanique, chaudronnerie et charpente. « Le secteur est en pleine santé et tous nos métiers sont en tension, nous sommes donc en demande permanente de main d’œuvre qualifiée », conclut l’industriel.

 

Cherbourg, encore : le groupe Alten recherche lui aussi de la main d’œuvre pour son activité navale, et plus spécifiquement des ingénieurs : « Même si nous sommes présents dans une vingtaine de pays, nous avons besoin en ce moment de recruter sur Cherbourg pour pouvoir faire face au développement très rapide de nos activités navales, en défense comme pour le civil », explique le groupe. « Nous recherchons aussi sur Brest et Lorient, une centaine de personnes au total, pour renforcer nos équipes sur la région Ouest, où nous employons déjà 850 collaborateurs. Les profils souhaités sont ceux de jeunes ingénieurs, juste diplômés ou avec quelques années d’expérience, avec une formation généraliste ou une spécialisation navale, mécanique, électricité, fluides, thermodynamique ou qualité », précise la DRH.

 

Du côté des CMN, les Constructions Mécaniques de Normandie, basées à Cherbourg, même constat : le cycle est bon, la croissance revient, et les propositions d’embauche se multiplient au sein du groupe : dessinateurs, chefs de projets, métallurgistes notamment sont recherchés, à raison de trente, voire 50 nouveaux postes ouverts d’ici le printemps 2019. La CMN mise notamment sur une très grosse commande concrétisée fin 2015 par l’Arabie Saoudite : 3 patrouilleurs, pour un montant de 240 millions d’euros. Mais aussi sur la probable construction d’une quarantaine d’intercepteurs, toujours pour l’Arabie Saoudite et pour une enveloppe de 600 millions de dollars, « de quoi voir venir avec une activité forte au moins pour les 3 ans qui viennent », estime l’entreprise.

 

Enfin, le secteur des croisières dope l’activité à Cherbourg : une nouvelle passerelle est d’ailleurs prévue sur le port, les travaux ont démarré à la fin du printemps. Il faut dire que les paquebots sont de plus en plus nombreux à venir y faire escale : fin avril, le Regal Princess, notamment, y amenait ses 3500 passagers. Ou encore, le Britannia et ses 4300 vacanciers, ou l’Europa, un des plus luxueux paquebots du monde, le 28 juillet 2018. « Nous connaissons cette année un record de fréquentation », confirme l’office de Tourisme de la  ville. « Plusieurs dizaines de cars sont affrétés pour des excursions aux alentours à chaque fois qu’un navire accoste, cela booste évidemment l’emploi touristique sur la ville. En 2018, pour le moment, on comptabilise 40 escales de paquebots, ce qui représente près de 70 000 touristes à accueillir. Nous sommes aujourd’hui le premier port de passage de la façade Manche-Mer du Nord ». Une manne, pour Cherbourg, car près de la moitié des croisiéristes restent dans la ville et font tourner l’activité touristique… donc l’emploi.

 

 




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