Comment la réduction des émissions de gaz à effet de serre va-t-elle booster l’emploi du transport maritime ?

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Réunies à Londres cette semaine de la mi novembre 2019, les industries du transport maritime sont en train de réfléchir, au cours d’une vaste cogitation internationale, à la manière dont elles vont pouvoir se mobiliser dans les mois et les années qui viennent pour la cause environnementale de la filière bleue : une filière qui représente plus de 100 000 emplois directs et indirects en France, ce qui en fait l’un des pays les plus puissants du monde en la matière. Or, avec la prise de conscience écologique, qui les oblige à réfléchir à des méthodes de fonctionnement plus propres si elles veulent entretenir leur image de marque mais aussi préserver leur « terrain de jeu », se pose aujourd’hui la problématique des eaux internationales, les eaux dites de « haute mer », c’est-à-dire des zones qui représentent plus de 60% de la surface des océans et qui, ne relevant pas de la juridiction de tel ou tel état, sont entièrement dépendantes de la conscience et de la responsabilité de tous…

Les secteurs économiques concernés sont nombreux : « l’OCDE estime que le secteur maritime mondial pèsera plus de 3 milliards d’euros dans la prochaine décennie, et de nombreux secteurs sont concernés par cette obligation, désormais, de protéger les ressources maritimes si elles veulent pouvoir continuer à les exploiter : le transport maritime de fret, mais aussi les croisiéristes, les entreprises de biotechnologies, la pêche, l’industrie navale, les pétroliers, les câbleurs sous-marins etc… », explique Enviroveille, le service de veille en droit de l’environnement santé et sécurité des CCI. « Dès lors qu’elles s’engagent pour la planète, les entreprises du cluster maritime français doivent se munir des talents nécessaires à cette mise en place de mesures de protection des écosystèmes et de développement des énergies propres. C’est une préoccupation qui va créer, dans les années qui viennent, des milliers d’emplois en France, en particulier évidemment sur toutes les façades littorales ».

« Il est vrai que l’on voit naître, depuis maintenant quelques années, mais tout particulièrement depuis le début des marches sur le climat et la prise de conscience des citoyens de la terre du danger imminent, d’une sorte de réveil des entreprises sur cette question à propos de laquelle, il faut bien le dire, elles faisaient l’autruche depuis toujours ! », explique l’Observatoire National de la Mer et du Littoral. « Les entreprises n’ont plus le choix, parce qu’on arrive à un point où des personnes vont refuser de travailler dans une société qui va contre leurs convictions écologiques, et les clients aussi vont de plus en plus souvent refuser de consommer des biens ou des services produits par des sociétés sans responsabilité sociétale et environnementale. C’est devenu une cause majeure et une préoccupation essentielle de tous aujourd’hui, si bien qu’une entreprise qui ne joue pas le jeu risque réellement de perdre des clients. Elles déniaient ce risque jusqu’à il y a encore quelques années, elles sont obligées de s’y confronter aujourd’hui. D’autant que les différents rapports scientifiques qui vont tous dans le même sens le disent clairement : il y a aussi un vrai danger d’épuisement des ressources et donc, de sinistralité économique, si rien n’est fait pour protéger les ressources de la mer ».

Hydroliciens, ingénieurs en environnement, ingénieurs en recherche et développement énergies renouvelables, départements dédiés à la collecte de déchets en mer et à leur traitement, contrôleurs pollution, contrôleurs qualité, protection et valorisation de la biodiversité, évaluation des risques….. Certains de ces nouveaux métiers ne sont même pas encore répertoriés dans les dictionnaires de la langue française ! Tout nouveaux, ils fleurissent dans toutes les grandes entreprises dont l’activité a un lien, de près ou de loin, avec la mer et les ressources aquatiques. « Plusieurs centaines de candidats sont recherchés en ce moment dans tous les secteurs, pour permettre ce déploiement de nouveaux talents au service de la protection de l’environnement maritime », explique le Cluster. « Des métiers dits verts ou verdissants, pour prévenir ou solutionner des atteintes à l’environnement de la mer et notamment des hautes mers, moins protégées car n’appartenant à personne, et qui représentent pourtant aujourd’hui 60 à 80% des ressources. Ce sont des zones mal connues, peu cartographiées (moins que la lune, c’est dire !), et les entreprises ont aujourd’hui besoin de personnes qualifiées pour les explorer et mettre en place les stratégies de protection adéquates ».

Des candidats qualifiés… ou pas, d’ailleurs : « les métiers qui se créent ces temps ci autour de l’environnement sont des métiers avec ou sans qualifications, du technicien en collecte des déchets aux chargés d’études ou aux chefs de projets, en passant par les directeurs d’agences et de départements, ou encore les technico-commerciaux, il y a des offres d’emplois qui correspondent à tous les profils et à tous les niveaux », conclut un proche d’Elisabeth Borne, au Ministère de la Transition Écologique.




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